Le suivi en ostéopathie chez le nouveau-né: quand, comment et pourquoi?

La naissance est peut-être un moment merveilleux et extraordinaire pour les parents, mais on n’a pas demandé au bébé ce qu’il en pensait!

Pour lui, naître constitue souvent le premier des traumatismes de son existence. Trop lent, trop rapide, l’accouchement peut perturber la position, la mobilité et certaines fonctions chez le nouveau-né. Sans parler des interventions par lesquelles on persuade les petits récalcitrants de venir au monde. L’emploi de certaines techniques peut influencer la bonne mobilité des jonctions des os du crâne et la mobilité globale de toutes les structures de l’organisme et peut occasionner des troubles fonctionnels, dont on s’aperçoit immédiatement ou qui, au contraire, pourront se manifester plus tard.

La naissance influence le nouveau-né dans l’immédiat, mais influencera aussi sa condition future. Dre Viola Frymann, médecin et ostéopathe américaine, affirmait que dans au moins 80 % des cas de retards de développements chez les enfants, on observait des antécédents traumatiques à la naissance. Certains symptômes peuvent s’installer à plus long terme, car de 0 à 2 ans, la maturation du cerveau de l’enfant n’est pas complète et les problèmes éventuels peuvent donc apparaître seulement après plusieurs années, lorsque des tâches et comportements plus complexes sont attendus de lui, comme en milieu scolaire, par exemple.

Lors de la naissance, le crâne d’un nouveau-né est conçu de façon à pouvoir offrir le maximum d’accommodation à la puissance du travail et le minimum de traumatismes pour le cerveau en croissance. Lors de l’expulsion complète du bébé, la respiration, les cris, les pleurs et éventuellement l’allaitement maternel par l’intermédiaire de la succion, vont permettre la normalisation des structures osseuses et membraneuses du crâne du nouveau-né. Alors, en peu de jours, tout devrait rentrer dans l’ordre si tout s’est déroulé de façon normale et adéquate, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. 

Quand on parle de naissance difficile, on pense souvent à des complications possibles pour le nouveau-né; certaines atteintes plus graves qui peuvent survenir. Par contre, on oublie souvent les conditions plus subtiles telles que les troubles du sommeil, les troubles digestifs, les otites à répétitions ou le bien-être général qui ne sont que rarement attribuées à une naissance difficile. Après la naissance, il est donc important de traiter les structures crâniennes, celles du bassin et de la colonne vertébrale en priorité puisque certaines structures ne se corrigeront pas complètement par la capacité d’autorégulation naturelle de l’organisme. 

Nous parlons de la naissance comme d’un évènement stressant pour le nouveau-né. Cependant, il ne faut pas oublier que sa vie n’a pas commencé au moment de la naissance. Les 40 semaines de vie intra-utérine sont également importantes dans la condition future du nouveau-né. Les facteurs tels que l’hérédité, la santé maternelle, l’intégrité mécanique du bassin de la mère, la prématurité, les naissances multiples, etc., sont autant de facteurs qui peuvent entraîner une altération de la position fœtale, une altération des forces de compression et peuvent ainsi altérer le bien-être et la condition générale du nouveau-né.  

Et la place de l’ostéopathie dans tout cela… 

Quand ? 
Si la grossesse et l’accouchement se sont bien déroulés et que le bébé se porte bien, la période entre 0 et 1 mois est un excellent moment pour consulter en ostéopathie. Par contre, si la grossesse ou l’accouchement semble avoir été plus difficile, si l’allaitement se complique, si la rotation de la tête n’est pas symétrique, si le nouveau-né pleure et a des inconforts, il est préférable de consulter rapidement. En ostéopathie, nos plus petits clients ont quelques jours seulement et la plupart des ostéopathes peuvent même se déplacer en maison de naissance, en milieu hospitalier ou à la maison au besoin. Par la suite, l’ostéopathe sera en mesure de vous faire connaître le suivi nécessaire selon les besoins de votre nouveau-né.   

Comment ? 
L’ostéopathe fera une anamnèse complète de tous les évènements concernant la grossesse, l’accouchement et la santé du nouveau-né. Tout est répertorié pour être en mesure de reconnaitre ce qui a pu influencer la condition du nouveau-né. Par la suite, une évaluation objective est réalisée pour évaluer la posture, la mobilité et la vitalité du nouveau-né :

• La posture globale du bébé et la position de la tête ;
• La forme du crâne pour déceler des déformations crâniennes possibles ;
• La symétrie du visage, des membres supérieurs et inférieurs ;
• La mobilité globale de la colonne vertébrale et du bassin ;
• La souplesse abdominale ;
• La capacité respiratoire par l’intermédiaire du diaphragme ;
• Le développement moteur et sensoriel.

Suite à cette évaluation globale et précise, l’ostéopathe pourra dresser un plan de traitement. Les techniques en ostéopathie sont douces et respectent la capacité d’adaptation du nouveau-né. Les traitements peuvent être plus courts et la plupart du temps l’ostéopathe pourra compléter son intervention en vous donnant des conseils, des exercices et du positionnement à faire à la maison pour consolider le traitement. 

Pourquoi ? 
La plupart des gens connaissent maintenant l’ostéopathie pour la clientèle adulte. Cette approche est souvent associée aux problèmes du système musculo-squelettique. Ils sont étonnés de savoir que le travail de l’ostéopathe s’adresse aussi aux nouveau-nés. Pour ceux qui ont une idée du travail de l’ostéopathe en pédiatrie, il sera également associé aux problèmes musculo-squelettiques, mais son intervention est beaucoup plus globale et les raisons de consultations en ostéopathie pour les nouveau-nés sont nombreuses :

• Allaitement difficile ;
• Torticolis, déformations crâniennes et plagiocéphalie (tête plate) ;
• Pieds bots, dysplasie de la hanche ;
• Otites à répétition ;
• Canal lacrymal bloqué avec écoulement des yeux ;
• Reflux gastro-œsophagien, régurgitations ;
• Coliques, troubles du transit, constipation ;
• Irritabilité, pleurs inexpliqués ;
• Trouble du sommeil ;
• Problème de posture ;
• Suite à une naissance difficile ;
• À titre préventif et pour grandir en santé.

Alors, quel beau cadeau que de pouvoir venir au monde et grandir dans le bien-être ! C’est pourquoi, comme ostéopathe, nous voulons faire connaître davantage la profession dans une sphère méconnue : la prévention chez le nouveau-né. Lorsque les parents consultent en ostéopathie, les problèmes sont déjà bien installés. Par contre, même s’il n’y a pas de signes et symptômes et que le nouveau-né est en bonne santé, l’ostéopathie a un effet positif sur lui. Il est possible de traiter dès les premiers signes et symptômes pour optimiser les chances d’une bonne récupération ou tout simplement pour améliorer le bien-être du nouveau-né même quand tout va bien.

L’intervention précoce en ostéopathie, c’est l’essence même de la prévention. Aussi longtemps que l’enfant est en croissance, tout est possible. L’ostéopathie est utile pour les parents qui sont aux prises avec des pleurs inconsolables, des nuits sans sommeil et des malaises fréquents qui demeurent sans réponses au niveau médical. L’ostéopathie ne remplace pas le suivi avec le médecin de famille ou le pédiatre, mais quand tout « semble normal » et que le bébé n’est toujours pas confortable, l’ostéopathie offre une alternative en optimisant le système d’autorégulation naturel du corps.

PASCALE-JULIE ROBINSON
D.O., Membre d’ostéopathie Québec
Ostéopathe clinicienne spécialisée en pédiatrie – Inspiration Clinique d’ostéopathie, Laval
Enseignante en ostéopathie pédiatrique au Collège d’études Ostéopathiques de Montréal 
Enseignante clinicienne en ostéopathie pédiatrique au sein de la Fondation Canadienne pour la recherche et l’enseignement en Ostéopathie (FCREO)

www.inspirationpilates.ca

Par Pascale-Julie Robinson

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