La posture du nouveau-né à ne pas négliger!
Un petit être est venu au monde. Tout de suite, papa et maman auront le réflexe de compter ses orteils, ses doigts et de regarder ses grands yeux pour découvrir combien il est magnifique et parfait ! Mais pourquoi ne pas poursuivre nos observations et s’attarder sur la posture de notre nouveau-né ? Celle-ci aura pourtant une influence énorme sur son développement global.
La posture du nouveau-né est grandement influencée par la période fœtale. La position intra-utérine de l’enfant aura ainsi un impact sur sa posture après la naissance. La force du travail, la durée des contractions et, parfois, l’utilisation d’instruments pour aider la venue au monde de certains bébés peuvent aussi avoir une influence sur celle-ci.
Le bébé en siège aura une posture particulière au niveau du bassin et des membres inférieurs, le bébé qui se présentait par la face aura souvent la tête en extension (bébé regarde au plafond) et les jumeaux, qui se sont compressés l’un contre l’autre, peuvent aussi présenter des atteintes posturales.
Ces cas de figure sont quelques exemples flagrants. Souvent toutefois, la posture se modifie de façon insidieuse et il est alors difficile pour les parents de se rendre compte d’un éventuel problème. Les semaines passent et tout à coup, on remarque un aplatissement à l’arrière de la tête du bébé, une longueur de jambe différente ou une épaule qui semble moins mobile que l’autre. Si la période périnatale influence grandement la posture par toutes les forces de compression possibles vécues par le nouveau-né, les postures qu’il utilise dans les premières semaines et les premiers mois de sa vie auront aussi une très grande répercussion sur son développement.
Se protéger par réflexe
Si le nouveau-né a de la difficulté à faire un mouvement, s’il a de la douleur ou ressent un inconfort dans certaines positions, ce dernier évitera tout simplement ces positions. À titre d’exemple, suite à une fracture de la clavicule, le nouveau-né adoptera une attitude antalgique, une attitude de protection du membre supérieur atteint. À long terme, cette réaction peut entrainer une utilisation asymétrique des membres supérieurs et ainsi nuire au rampé et à la marche à 4 pattes. Les nouveau-nés et les jeunes enfants ont une bonne conscience corporelle et il est fréquent de voir des mouvements d’évitement ou des postures compensatoires apparaître rapidement.
Le positionnement et les habitudes des parents à la maison auront aussi une grande répercussion sur la posture. Comme parent, nous avons tous une main dominante, une meilleure dextérité selon la position que nous adoptons avec l’enfant. Cette dominance se répercuta dans les soins apportés à l’enfant et ainsi influencera sa posture. Chaque geste du quotidien peut avoir un impact très grand, positif ou négatif, sur ce petit être en formation chez qui le squelette n’est pas encore ossifié, donc facilement déformable. À titre d’exemple, entre 0 et 6 mois, le crâne du bébé est très souple et malléable, comme les fontanelles ne sont pas encore fermées, le crâne subit l’effet de la gravité et si la tête se trouve souvent dans la même position, il y a risque de déformation. Il faut donc être très vigilant dès les premiers jours de vie pour adopter de bonnes habitudes à la maison.
Par contre, il est possible de prévenir les déformations et les troubles posturaux et même de corriger un problème déjà présent. Comme parent, il est important de vérifier la posture, de faire un bon positionnement, de bien stimuler l’enfant et d’éviter certains gestes nuisibles.
Quelques conseils précieux qui pourront faire la différence
1. Vérification
- Observez la tête de votre bébé à partir du dessus. Est-elle ronde et symétrique ;
- Vérifiez son visage . Est ce que les yeux, le nez et le menton semblent être en symétrie ;
- Vérifiez sa posture et assurez-vous que la tête, le corps, les épaules et les jambes de votre bébé sont dans l’axe, et ce, dans toutes les positions : sur le dos, sur le ventre et assis ;
- Vérifiez la position de la tête et du corps de votre bébé durant son sommeil, ce dernier ne devrait pas se placer toujours dans la même position ;
- Dans le banc d’auto ou la chaise à bascule, vérifiez si votre bébé regarde toujours du même côté ou s’il incline sa tête de façon dominante d’un côté ;
- Si votre bébé semble avoir une posture dominante, vérifiez s’il est capable d’aller aussi à l’inverse de cette position préférentielle.
2. Positionnement en période d’éveil
- Durant la nuit, il est important de laisser bébé dormir sur le dos, comme recommandé par l’Association Canadienne de Pédiatrie. Par contre, dès que votre bébé est éveillé, il est très important qu’il puisse expérimenter différentes positions, et ce, dès l’âge de 4 semaines (sous supervision constante) ;
- En position couché sur le dos, assurez-vous de bien placer la tête, le corps et les jambes dans l’axe. Chez les nouveau-nés, un petit coussin sous la tête et sous les jambes peut l’aider à adopter une position de flexion physiologique et ainsi ramener les 4 membres dans une position de confort. Mais attention, les coussins d’appui ne doivent être utilisés que pour de courtes périodes d’éveil et de jeux. Ils doivent être retirés par la suite pour permettre le mouvement ;
- Lors des périodes d’éveil, placez votre bébé en position ventrale 15 à 20 fois par jour (lors du changement de couche, par exemple) pour une minute. Augmentez la durée de la stimulation en ventral selon la tolérance de votre bébé et assurez-vous que sa tête alterne en rotation droite et gauche ;
- Toujours sous supervision, placez votre bébé couché sur le côté et alternez côté droit et côté gauche. Cette position exerce un appui différent sur le crâne de votre bébé et l’aide à expérimenter la dissociation des chaînes musculaires avant/arrière ;
- Prenez votre bébé dos à vous plutôt que de face, en position dite « du petit Budha » ? tête et corps dans l’axe, membres inférieurs fléchis ;
- Boires : placez toujours une surface moelleuse entre la tête du nourrisson et votre bras. Pour l’usage du biberon, penser à alterner les positions. Attention, la position du biberon, si elle n’est pas alternée droite/gauche à chaque boire pourrait entrainer rapidement une déformation crânienne ;
- Transport dans les bras : variez les positions de votre bébé (dos contre soi, sac ventral, incliné sur le côté…), favorisez les positions qui vont à l’opposé de ses préférences.
3. Stimulation
- Stimulez la rotation droite et la rotation gauche de la tête dès les premiers jours de vie, la rotation devrait être symétrique et facile à exécuter pour votre bébé et dans toutes les positions : sur le dos, sur le ventre et éventuellement assis ;
- Encouragez la rotation de la tête du côté où le mouvement est le plus limité, et ce dans toutes les positions ;
- Stimulez l’utilisation de ses bras et de ses jambes de façon symétrique ;
- Stimulez l’utilisation des 2 bras vers l’avant et le haut, incitez votre bébé à aller chercher des objets loin devant lui et avec les 2 mains ;
- Variez les positions de jeu ;
- Dans toutes les positions, vérifiez l’apparition de signes de fatigue. À titre d’exemple, en position assise, si la tête commence à incliner d’un côté, il est temps de changer de position.
4. Évitez
- Évitez, et ce en tout temps, l’appui sur la région de la tête qui est aplatie, si tel est le cas ;
- Évitez de faire le rôt avec la tête toujours dans la même position ;
- Évitez de donner le biberon ou de prendre votre enfant toujours dans la même position, attention de ne pas utiliser uniquement votre côté dominant ;
- Évitez de le laisser développer des positions asymétriques de la tête, du corps et des extrémités ;
- Évitez tous les accessoires (Bumbo, soucoupe d’éveil, jolly jumper) qui stimulent trop tôt la verticalité. En plaçant les bébés trop tôt dans la verticalité avec un squelette qui n’est pas encore prêt à lutter contre la gravité, les risques de troubles posturaux peuvent augmenter.
Ces quelques conseils pourront vous aider à favoriser une bonne mobilité globale et ainsi éviter l’apparition ou l’aggravation des troubles posturaux. Si toutefois la rotation de la tête demeure difficile, si votre bébé a toujours la tête en inclinaison, s’il semble utiliser plus une main que l’autre ou si certaines positions sont difficiles à adopter avec votre bébé, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Ce dernier pourra vous orienter vers une piste de solution possible.
L’ostéopathie en guise de solution
Parmi ces choix, l’ostéopathie est, dans la plupart des cas, très efficace pour améliorer la posture chez le nouveau-né et le nourrisson. Par des manœuvres douces, efficaces et précises, l’ostéopathe pourra permettre une meilleure mobilité et ainsi une meilleure posture.
Maman et papa, soyez rassurés, les troubles de la posture se corrigent bien si l’intervention est précoce. Et par la suite, quand tout va bien, il est possible de faire une visite chez l’ostéopathe, une fois par an, pour s’assurer que l’enfant grandit en santé et avec une belle posture, et ce, dans toutes les étapes importantes de son développement (4 mois, 6 mois, 12 mois et 2 ans).
PASCALE-JULIE ROBINSON
D.O., Ostéopathe clinicienne en pédiatrie • Inspiration Clinique d’ostéopathie, Laval
Enseignante en ostéopathie pédiatrique au Collège d’études Ostéopathiques de Montréal, d’Allemagne et de Bordeaux
Enseignante clinicienne en ostéopathie pédiatrique au sein de la Fondation Canadienne pour la recherche et l’enseignement en Ostéopathie (FCREO)
Pour information : www.inspirationpilates.ca
Références :
- Encyclopédie Larousse médicale : http://www.larousse.fr/encyclopedie/rechercher?q=r%C3%A9gurgitation&t
- Santé Canada : www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/infant-nourisson/recom/index-fra.php
- Société Canadienne de Pédiatrie : www.cps.ca
- DE NOTARIIS, Maria et al., Regarde-moi, Le développement neuromoteur de 0 à 15 mois, Éd. CHU Ste-Justine, 2008
- FORESTIER, Michèle, De la naissance aux premiers pas, Édition Érès, 2011