Vivre une grossesse après un deuil périnatal

Un parent ne contrôle pas son enfant ; il ne peut que le sécuriser et permettre qu’il s’épanouisse. Vivre une grossesse après un deuil périnatal, c’est expérimenter cela avant même que votre enfant ne soit né.

Ça y est, vous voilà de nouveau enceinte. Après avoir perdu votre tout petit bébé lors de votre grossesse précédente, vous vous êtes maintenant réengagée dans cette aventure qui, vous l’espérez, vous permettra cette fois de tenir dans quelques semaines un bébé en pleine santé dans vos bras.

Bienvenue dans la grossesse des paradoxes…
Puisque vous avez osé réessayer, c’est que vous avez espoir… mais vous êtes morte de trouille. Bien sûr, vous êtes heureuse de porter ce nouvel enfant… mais chaque crampe vous effraie. Chaque monitoring est à la fois source de grand stress, puis de bonheur lorsque vous apercevez ce petit être bouger sur l’écran du radiologiste. Voir votre ventre s’arrondir vous procure de la joie… or, si vous vous êtes rendue à ce stade lors de votre précédente grossesse, vous ne pouvez vous empêcher de vous souvenir de celui/celle qui s’y trouvait la dernière fois.
Rassurez-vous, ces émotions en montagnes russes, qui vous font sourire et pleurer dans la même journée, sont très fréquentes au cours de ces grossesses espoir.

Il est toutefois bien possible que votre entourage n’y comprenne rien et soit préoccupé de vous voir ainsi, y allant d’encouragements du genre « fais confiance, ça va bien aller » et de recommandations pour que vous vous apaisiez. Vous avez ­peut-être l’impression de vivre votre grossesse de manière inadéquate, ou alors complètement marginale, car votre expérience n’est pas celle d’une maman aussi ronde que zen… ­Mais cette image rêvée ­reflète-t-elle vraiment la réalité de la majorité des femmes enceintes ?

Stress et grossesse, qu’en est-il ?
Peut-être ­avez-vous entendu dire que le stress a un effet négatif sur le bébé, ­augmentant d’autant le vôtre en constatant… que vous vous stressez. Voici quelques informations pour s’y retrouver.

Lorsqu’une mère porte son enfant, il est maintenant reconnu et prouvé que le bébé ressent l’effet des émotions de sa mère, notamment par le biais des hormones qu’elle sécrète. En effet, ­celles-ci se rendent jusqu’à lui à travers le placenta. Donc, une femme épanouie et heureuse libère des « hormones du bonheur », qui transmettent à l’enfant un état de ­bien-être. Inversement, une maman qui ressent du stress libère une hormone qui s’appelle le cortisol. Sécrétée naturellement par le corps lorsque l’humain se trouve en situation de danger (réel ou perçu), cette hormone met tout le corps dans un état d’alerte. C’est elle qui faisait en sorte que l’humain, devant affronter le mammouth en des temps fort éloignés, était en mesure de se battre ou de fuir la bête menaçant sa survie. Or, si les mammouths ont disparu depuis belle lurette, notre réaction au stress, elle, n’a pas changé…

Le cortisol peut devenir nocif lorsqu’il est présent en trop quantité et de manière constante. La montée d’hormones de stress soudaine que vous pouvez ressentir, par exemple, lorsque vous passez à un cheveu d’avoir un accident d’automobile (stress occasionnel, aigu) n’a rien à voir avec un stress qui perdure dans le temps, sans relâche (stress récurrent, chronique). Ce qui est nocif, c’est la constance du stress.

Transformez votre manière de le vivre
Donc, ce qui importe, c’est votre perception toute personnelle et subjective de ce que vous vivez. Comment faire en sorte que votre grossesse se déroule le plus sereinement possible ?

En ce moment, votre peur résulte très certainement de votre sensation d’impuissance. Ayant déjà vécu la mort de votre bébé, vous savez trop bien que vous n’avez pas le contrôle, et vous connaissez la peine et la douleur que vous vivriez si il/elle décédait lui/elle aussi. C’est donc cette sensation de perte de pouvoir personnel qui vous fait peur : vous ne pourrez pas empêcher un malheur, quoi que vous fassiez. Ça vous laisse donc dans une position d’impuissance.

Toutefois, s’il est vrai que vous n’avez pas de pouvoir sur la vie de votre bébé, il est faux de croire que vous devez rester dans cette posture inconfortable. Votre pouvoir personnel, ce n’est pas que contrôler l’issue de la grossesse : c’est aussi choisir comment vous traverserez cette période.

Comment ­pouvez-vous amplifier chacun des petits bonheurs ? ­Comment ­pouvez-vous minimiser les peurs ? ­La couleur de votre grossesse sera à l’image de ce à quoi vous aurez accordé le plus d’attention : la peur ou l’espoir ?

La présence à soi
La première décision de changement, c’est de vous mettre ­vous-même au cœur de cette expérience. D’être présente à ­vous-même, à vos ressentis, vos envies, vos besoins.

Lorsque l’humain veut se protéger, son réflexe premier est souvent de tenter d’éviter d’être pleinement en contact avec son expérience, d’essayer de la traverser sans la vivre vraiment, de s’anesthésier ­soi-même. Or, si c’était précisément le contraire qui portait fruit ? ­Si être complètement présente à votre expérience vous occupait au point où il n’y avait plus aucune place pour tous les dialogues intérieurs de peur ?

Cesser de faire ce qui ne vous convient pas est une bonne première étape. Ça veut dire, essentiellement, de refuser tout ce qui vous prend votre énergie, ce qui vous bouleverse, ce qui vous fragilise. Cela peut signifier de vous donner le droit de refuser des invitations, de voir des gens ou de faire des activités qui ne vous font pas de bien. Même si vous avez l’impression que « ça ne se fait pas ».

Être pleinement présente, c’est profiter des petits bonheurs qui occupent pleinement l’instant présent : savourer un bon repas, flâner tranquillement, recevoir un massage, passer une soirée de fous rires avec une amie, profiter d’un rayon de soleil, lire un bon livre… ­Faites tout ce qui vous fait du bien sans culpabilité !

La présence à son bébé
Une fois que vous êtes pleinement présente à vous, vous pouvez être pleinement présente à ce bébé qui grandit en vous. Même si vous ne le sentez ­peut-être pas encore, il est déjà là ! ­Il a déjà sa personnalité propre, sa manière de bouger, de réagir à ce qui l’entoure, de répondre à vos invitations. Très tôt au cours de la grossesse, le bébé est capable d’interaction avec le monde qui l’entoure. Posez les mains doucement sur votre ventre et ­adressez-vous à lui. Vous seriez surprise de savoir à quel point il vous entend, à quel point il est avec vous, en cet instant.

Il est possible, dès la 18e semaine de grossesse, de bénéficier de la préparation affective à la naissance (PAN), une approche formidable pour tisser, très tôt, un lien affectif fort entre parents et bébé.

Bien plus qu’une technique, la ­PAN propose l’établissement d’une relation affective qui perdurera bien ­au-delà de la naissance de l’enfant. Elle transforme littéralement votre manière de vivre votre grossesse.

Finalement, exit la culpabilité de ne pas être 100 % dans la joie : c’est ­OK d’avoir peur parfois. Ce qui importe, c’est de ne pas y rester. Arriver dans votre famille après un bébé décédé fait partie de l’histoire de votre enfant. Tant que vous êtes pleinement présente à lui, votre enfant aura tout ce qu’il faut pour grandir sereinement !

ANNIE ÈVE GRATTON
Bedon Zen

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Annie Ève est formée en programmation ­neuro-linguistique (PNL), en préparation affective à la naissance et en kinésiologie. Spécialisée auprès de parents ayant vécu le deuil périnatal, elle accompagne également de nombreux parents à travers différents deuils et défis qu’ils traversent au cours de la période périnatale. Elle fait partie de l’équipe élargie de ­La ­Source en ­Soi.

Membre de l’Association ­RITMA (Regroupement des intervenants et thérapeutes en médecine alternative) et de la ­SICPNL (Société internationale des coachs ­PNL)

Membre de la ­PLIDA (Pregnancy ­Loss and ­Infant ­Death ­Alliance)

Par ­Annie Ève ­Gratton

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