Le changement de routine affecte-t-il le sommeil des enfants?
Les vacances d’été, le temps des fêtes, le confinement ( !)… Nombreuses sont les occasions de déroger à la routine familiale. Est-il possible de se laisser aller en famille sans compromettre le sommeil de tous ?
Le sommeil est facilement perturbable chez certains enfants. Pourquoi plus chez ceux-là que d’autres ? C’est une question complexe, et il faut parfois refaire tout l’historique du sommeil du petit depuis la naissance pour peut-être découvrir finalement… qu’il est comme ça depuis le début.
• Les vacances
La période de l’année où les routines sont souvent perturbées, pour le plaisir de toute la famille, est durant les vacances estivales. Il y a aussi la période de Noël, qui ne donne pas sa place avec les rassemblements familiaux, les soupers tardifs et les rencontres avec les amis.
Pourquoi certains enfants n’arrivent-ils plus à dormir comme à leur habitude ? Il est tentant de croire que c’est parce qu’ils ne sont pas dans leur environnement familier (leur lit, leur chambre). Suivant cette logique, rien ne devrait affecter les tout-petits, puisque leurs parents s’occupent du rituel d’avant-dodo et qu’ils dorment dans leur parc, avec toutou, doudou et pyjama de la maison. Cependant, ce n’est souvent pas le cas. Que se passe-t-il donc ? Pourquoi le sommeil ne vient-il pas comme à l’habitude lorsque les routines habituelles ont été bousculées ?
• La surstimulation
Lorsqu’on est à l’extérieur de la maison (ou qu’on reçoit chez soi), il y a toujours plus d’activités pour les enfants. Ils s’amusent, courent, s’excitent et se fatiguent plus qu’à l’habitude. Les tout-petits sont cajolés, chatouillés, stimulés de 1001 façons pour montrer leurs nouveaux acquis. On peut aussi constater cette même fatigue au cours de l’intégration en garderie.
La règle de base en matière de sommeil chez les enfants est que, plus ils sont fatigués, moins ils dorment bien. Certains peuvent prendre deux à trois fois plus de temps à s’endormir, durant ces périodes de surstimulation, tandis que d’autres devront passer par un épisode de pleurs pour décharger leur trop grande fatigue. Sans compter les éveils en pleurs en cours de sommeil (nocturne et/ou sieste) et l’éveil trop matinal.
La récente période de confinement l’a bien démontré. Les premières semaines, ne sachant pas combien de temps cela durerait, plusieurs familles se sont mises en « mode week-end » durant la semaine avec un horaire plus souple, des siestes plus ou moins respectées et des routines moins bien structurées. Le prix à payer s’est vite fait ressentir : la dette de sommeil s’est installée !
• La dette de sommeil
Sournoise, elle frappe au moment où on s’y attend le moins. La dette de sommeil est l’accumulation de fatigue, à petites doses, qui ne laisse pas prévoir le pire : notre enfant n’arrive plus à s’endormir paisiblement et dans un délai raisonnable. Une régression dans l’habileté à dormir seul s’installe, et parfois, les nuits deviennent terribles tellement les éveils nocturnes sont nombreux et difficiles à calmer. La bonne humeur et la collaboration durant le jour laissent place à des pleurnicheries, des jérémiades et de l’insatisfaction de part et d’autre.
Si la dette de sommeil a élu domicile chez vous après une modification dans vos routines habituelles (horaire des repas, du coucher, du lever et des siestes, de même que contenu des activités), rassurez-vous, cela se surmonte.
• L’antidote
L’antidote à la dette de sommeil est, dans un premier temps, la récupération. On doit réduire les périodes d’éveil, donc aller au lit plus tôt le soir (un bon 30 à 45 minutes) et aux siestes aussi parfois. Dans un deuxième temps, il faut revenir aux routines de votre famille, celles qui ont toujours favorisé un bon sommeil, c’est-à-dire des activités moins stimulantes, et, dans un dernier temps, reprendre l’horaire habituel de sommeil dès que la dette de sommeil a disparu.
Dès la troisième nuit, vous verrez déjà une nette amélioration dans le retour des bonnes habitudes de sommeil. Pour les siestes, le processus est un peu plus long. Généralement, tout se replace en sept à huit jours. Si tel n’est pas le cas, il faudra investiguer un peu plus pour en trouver la cause.
La morale de l’histoire est-elle de ne plus céder aux tentations de modifier les routines de nos enfants ? Bien sûr que non ! Il suffit juste de rester attentif aux signaux de fatigue de ces derniers (différents pour chacun d’eux) afin d’éviter l’accumulation de fatigue, et le tour est joué !
Voici les signaux de fatigue dont on devrait tenir compte particulièrement
» Surexcitation en soirée et au moment d’aller dormir
» Bâillements, se frotter les yeux, le nez, les oreilles
» Pleurs durant la routine du coucher, au coucher ou au réveil
» Délai anormalement long pour s’endormir
» Siestes qui raccourcissent
» Éveils nocturnes de courtes (cris d’une durée de quelques secondes) et de longues durées
» Éveil trop matinal (avant 6 h le matin)
Un parent avisé peut faire toute la différence dans le besoin de sommeil de ses enfants et ainsi mieux vivre les changements de routine… parfois incontournables. Bon dodo !
BRIGITTE LANGEVIN
Conférencière
Experte en éducation au sommeil
Auteure de 10 livres, dont Sommeil – La boîte à outils : Stratégies et techniques pour bien dormir, publié aux Éditions de Mortagne.
Coach en PNL
De bonnes habitudes de sommeil, ça s’apprend !
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