Doit-il vraiment dormir autant?
SOMMEIL
Ah ! Le sommeil ! Un délice quand on sait s’y laisser aller, mais c’est aussi le grand négligé de nos besoins dans cette société de performance. Théoriquement, personne ne devrait compter le nombre d’heures consacrées au dodo. Chacun devrait y aller avec son ressenti, son état et son niveau de vigilance, particulièrement en ce qui concerne les bébés et les enfants. Toutefois, comme le besoin de sommeil diffuse de plus forts signaux à l’interne (dans le corps) qu’à l’externe (expression faciale, par exemple), certains parents ont l’impression que leur bébé n’est tout simplement pas fatigué s’il ne pleure pas. Faut-il suivre les signes de fatigue de l’enfant pour le mettre au lit ?
Croyez-le ou non, certains bébés et enfants ne montrent pas de signes de fatigue communs, tels que bâiller, se frotter les yeux, le nez, être grognon, agité, etc. Comment alors les parents font-ils pour répondre au besoin de sommeil de leur enfant ? Certains attendent de le voir s’assoupir (très souvent durant ou après un boire), plusieurs se disent « Il dormira quand il dormira ! » ou d’autres consultent divers tableaux d’heures de sommeil se trouvant sur internet et essaient d’ajuster leur routine familiale en conséquence. Un vrai casse-tête !
Bien sûr, la plupart des enfants témoignent de leur fatigue d’une façon ou d’une autre. Il importe de saisir cette occasion pour coucher le vôtre au bon moment et le voir s’endormir quasi souriant. Un pur bonheur !
Des nuits optimales : un indice qu’il dort suffisamment
Votre enfant ne fait partie d’aucune des situations mentionnées ci-dessus ? Il témoigne clairement de sa fatigue, mais, rien à faire, il ne s’endort pas, ne pleure pas ou continue de s’amuser ? Il est tentant de croire que, finalement, il n’est pas si fatigué et… c’est peut-être vrai. Comment sait-on alors s’il dort suffisamment ? La réponse est toute simple : est-ce que la qualité de ses nuits est optimale ?
Voici à quoi ressemble une qualité de nuit optimale.
• Aucun pleur au coucher (même pas des pleurnicheries)
• Aucun éveil nocturne (même pas de courte durée)
• Aucun pleur à l’éveil (même pas après 15-20 minutes à patienter)
• Comporte environ 11 heures de sommeil consécutives, par exemple de 19 h à 7 h, incluant les boires s’il y a lieu).
Si la nuit de bébé est optimale, mais qu’il ne s’endort pas le soir, ses siestes sont peut-être trop longues, et il aurait avantage à vivre de plus longues périodes d’éveil (hors du lit).
Cependant, si vous constatez que ses nuits ne sont pas optimales, il se pourrait alors qu’il ne dorme pas suffisamment. Inutile de le comparer à son grand frère qui dormait peu de jour et avait une nuit optimale, au bébé de la voisine qui dort partout ou de vouloir suivre l’horaire de la garderie. Certains bébés ont besoin de plus de sommeil que les autres, et le fait de ne pas leur procurer ce repos de jour mène inévitablement à des nuits hachées et à un quotidien fort peu agréable.
Avoir autant besoin de sommeil : oui, c’est possible !
Il est rare qu’on se questionne à savoir si notre enfant dort moins qu’on l’aurait cru. Mais s’il en réclame plus que ce que les différentes chartes mentionnent, le questionnement reste très présent.
Donc, en plus de 11 h de sommeil nocturne, est-il possible qu’un...
… bébé de 3 mois ait besoin de 6 h de sieste par jour ? Oui.
… bébé de 7 mois ait besoin de 5 h de sieste par jour ? Oui.
… bébé de 12 mois ait besoin de 4 h de sieste par jour ? Oui.
… qu’un enfant de 19 mois ait besoin de 3 h de sieste par jour ? Oui.
… qu’un enfant de 3 ans ait besoin de 2 h de sieste par jour ? Oui.
… qu’un enfant de 5 ans ait besoin de 1 h de sieste par jour ? Oui.
Dormir est précieux ! À titre de parents, vous en savez quelque chose. Par ailleurs, chez les enfants, il suffit d’expérimenter un coucher tardif et/ou de supprimer une sieste pour découvrir que, mieux ils dorment le jour, mieux ils dorment la nuit… et mieux ils dorment la nuit, mieux ils dorment le jour ! Un constat contre-intuitif, car chez l’adulte, c’est totalement l’inverse : si on dort de jour, la nuit risque d’être bousillée !
Découvrir son réel besoin
Le rôle des parents est de découvrir le réel besoin en sommeil de leur enfant, c’est-à-dire la durée adéquate qui permettra de belles nuits et une qualité d’éveil optimale durant la journée, entre les siestes.
Selon les recherches, deux éléments demeurent essentiels pour un bon sommeil : la régularité et la cohérence. Régularité, c’est-à-dire que le coucher et le lever se font aux mêmes heures, 7 jours sur 7, en comblant rapidement le déficit en sommeil (coucher plus tôt), si l’horaire a été bousculé par un rendez-vous chez le pédiatre, par exemple. Cohérence, c’est-à-dire que, lorsque des interventions sont nécessaires, celles-ci n’encouragent pas le plaisir de rester éveillé, ou encore n’alimentent pas la colère et la frustration exprimées par une trop grande fatigue.
Des parents chanceux ?
Hum… je n’y crois pas vraiment. Les enfants qui dorment bien et suffisamment ont souvent des parents qui se sont efforcés de découvrir les moyens de leur permettre de dormir en quantité et qualité suffisantes. Pourquoi pas vous ? Un enfant qui dort bien est joyeux et a des parents heureux !
Brigitte Langevin
Conférencière et auteure de plusieurs livres dont Sommeil – La boîte à outils, publié aux Éditions de Mortagne
Experte en éducation au sommeil et coach en PNL
De bonnes habitudes de sommeil, ça s’apprend !
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