Les blessures à la tête ou au cou

Les enfants tombent plus souvent qu’à leur tour. Heureusement, la plupart de leurs chutes sont sans séquelles pour leur santé. Mais qu’en ­est-il des traumatismes à la tête ou au cou qui peuvent faire craindre le pire ? ­Comment reconnaître la gravité de la situation et agir en conséquence ?

Les blessures à la tête sont de deux catégories : les traumatismes externes atteignant le cuir chevelu et les traumatismes internes, atteignant les os du crâne, les vaisseaux sanguins du cerveau ou le cerveau ­lui-même.

Les traumatismes externes
Les traumatismes les plus courants et les plus bénins sont les ecchymoses et les plaies limitées au cuir chevelu. ­Celles-ci saignent abondamment, mais sont rarement graves. Le traumatisme crânien bénin provoque de la douleur, un hématome (accumulation de sang sous la peau) et une plaie superficielle du cuir chevelu.

Les traumatismes crâniens
Le traumatisme crânien est un choc accidentel sur le crâne avec ou sans complication au cerveau. Dans les cas plus graves, il peut occasionner une fracture des os du crâne et des lésions au cerveau. Les causes fréquentes du traumatisme crânien sont les accidents de voiture, les chutes, les accidents du travail et les blessures sportives. Une chute ou un coup violent à la tête provoque un traumatisme crânien qui peut entraîner une commotion cérébrale (branlement du cerveau consécutif au traumatisme crânien) ; il y a alors perte de conscience immédiate, mais brève. Il n’y a pas nécessairement de lésion visible lors d’une commotion cérébrale. On ne peut la diagnostiquer que lorsque la personne est redevenue consciente.

Les traumatismes du cou
Les traumatismes au cou sont potentiellement graves en raison de la présence de vaisseaux sanguins importants et des vertèbres de la colonne vertébrale, qui protège la moelle épinière. Le cou contient des vaisseaux sanguins majeurs (les veines jugulaires et les artères carotides) qui saignent abondamment. Les blessures touchant l’une des sept vertèbres du cou peuvent avoir de graves conséquences, comme la paralysie totale ou partielle des membres. Si la moelle épinière est sectionnée, l’influx nerveux est coupé, ce qui paralyse les muscles qui en dépendent.

Où consulter
À l’urgence : 
• ­Une hospitalisation et une surveillance de 24 à 48 heures sont recommandées s’il y a eu perte de conscience, même momentanée, lors d’un traumatisme à la tête, ou dans les heures qui le suivent.
• ­La personne qui s’est blessée à la tête éprouve, à la suite du traumatisme ou quelque temps plus tard (durant les jours ou les semaines suivant le traumatisme), un ou plusieurs des symptômes suivants : perte de conscience persistante, engourdissement ou paralysie d’une partie du corps, respiration anormale, saignement provenant du nez, des yeux, des oreilles ou de la bouche, écoulement de liquide clair provenant du nez ou des oreilles, difficulté à parler, vision anormale, pupilles inégales, incapacité de se déplacer, cou raide ou très douloureux, mal de tête important, convulsions (inconscience et tremblement généralisé du corps), perte involontaire des urines ou des selles, paralysie d’un membre, somnolence, ou confusion.
• ­Surveiller ces symptômes d’alerte pouvant survenir plusieurs jours, voire plusieurs semaines après un traumatisme crânien qui avait l’air bénin : maux de tête, paralysie d’une moitié du corps (hémiplégie), difficulté  arler ou à comprendre ce que l’entourage dit (aphasie), confusion. Un hématome qui se forme lentement entre le cerveau et la boîte crânienne cause ces symptômes tardifs.

Dans une clinique le jour même : 
• ­Le patient a eu un léger traumatisme à la tête sans perte de conscience et a une plaie au cuir chevelu qui nécessite quelques points de suture et un rappel de vaccin contre le tétanos.

En observation à la maison 
• ­Le patient a eu un léger traumatisme à la tête. Il n’a pas de plaie qui saigne ni de maux de tête. Il n’a pas perdu connaissance ni eu de nausées ou de vomissements. Il faudrait néanmoins surveiller son état durant 24 heures. Durant son sommeil, il devra être réveillé toutes les trois heures pour vérifier qu’il est toujours conscient et capable de répondre à une question simple. Éviter de lui faire prendre un somnifère ou un analgésique afin de ne pas masquer les symptômes.

Les premiers soins à prodiguer
• ­Appeler les secours rapidement en cas de traumatisme grave avec perte de conscience.
• ­Noter l’heure, les circonstances et le type de traumatisme ainsi que la durée de l’inconscience.
• ­Libérer délicatement les voies respiratoires si un corps étranger gêne la respiration. S’assurer que la position de la victime lui permet de respirer ; au besoin, la stabiliser à l’aide d’objets (par exemple un sac à dos).
• ­Immobiliser la personne blessée, la bouger uniquement si elle vomit ou si sa position l’empêche de respirer.
• S’il faut bouger la personne blessée, tourner la tête, le cou et le dos en bloc afin qu’ils soient parfaitement alignés. • • Un brancard ou une porte peut aider à immobiliser le patient.
• ­Couvrir la personne d’une couverture s’il fait froid à l’extérieur.

Pour des blessures clairement bénignes : 
• ­Laver le cuir chevelu ou les plaies superficielles avec de l’eau et du savon doux, puis retirer tout débris. S’il y a une bosse, appliquer un sac de glace (ou un paquet de légumes surgelés) enveloppé dans du tissu durant 20 minutes (peut être répété au besoin).
• ­Après s’être lavé les mains, arrêter le saignement en appliquant une pression sur la plaie pendant une dizaine de minutes avec un pansement stérile ou un tissu propre.
• ­Recouvrir la plaie d’un pansement propre et stérile.
 

Les gestes à proscrire
• ­Ne pas bouger une personne inconsciente, sauf si c’est absolument indispensable à sa survie (si la personne risque de se noyer, d’étouffer ou s’il y a incendie ou risque d’explosion).
• ­Ne pas laver une plaie profonde (ou qui saigne abondamment) à la tête.
• ­Ne pas enlever un objet émergeant d’une plaie à la tête.
• ­Ne pas secouer une personne somnolente après un traumatisme à la tête ou au cou.
• ­Ne pas retirer le casque de sécurité si l’on soupçonne un traumatisme grave à la tête ou au cou.
• ­Ne pas soulever un enfant présentant un signe de traumatisme grave à la tête.
• Éviter les narcotiques (par exemple la codéine), les analgésiques et l’alcool dans les 48 heures suivant un traumatisme crânien.
• Éviter l’application d’onguent sur la plaie.


Comment prévenir les traumatismes à la tête et au cou ?
​​​​​​​• ­Ne jamais plonger dans une piscine peu profonde ou dans un plan d’eau dont on ne connaît pas la profondeur.
• ­Porter un casque protecteur dans la ­pratique des sports ou sur les chantiers.
• ­Porter la ceinture de sécurité et utiliser un siège de bébé adéquat en voiture.

Dre Nicole Audet
La Dre Nicole Audet pratique la médecine familiale à la clinique pédiatrique Agoo, à Laval. Elle est l’auteure de la série Félix et Boubou.

www.nicoleaudet.com

Nicole Audet

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