Bien bouger mieux dormir

C’est bien connu : plus on bouge, mieux on dort. Or, dans nos sociétés, le piège est que nous souffrons plus de fatigue nerveuse — causée par un travail intellectuel, créatif, assis ou répétitif — que de fatigue physique. L’obligation d’aller au gym pour maintenir une dépense énergétique physique devient intéressante et parfois nécessaire si nous voulons améliorer la qualité de notre sommeil.

Stimuler les enfants modérément
Qu’en est-il pour nos tout-petits ? Peuvent-ils souffrir de fatigue nerveuse ? Théoriquement non, puisque, si le parent insiste trop, le bébé ou l’enfant se désintéressera de l’activité, qu’elle soit de nature intellectuelle ou motrice. Certains vont même s’endormir, par exemple sur le tapis d’éveil ou encore pendant la lecture du conte, ou même en mangeant. D’autres vont pleurer pour témoigner leur mal-être du fait d’une trop grande stimulation. Par chance, les enfants ne vivent pas tous dans la performance. Cependant, il y en a qui peuvent parfois dépasser certaines limites pour plaire à leur parent ou obtenir la récompense promise ou encore profiter d’une activité qui nourrit leur plaisir. On n’a qu’à observer l’enfant qui développe de l’intérêt pour se mouvoir. Il peut pratiquer seul, durant plusieurs minutes d’affilée, pour réussir à se tourner, s’asseoir ou se lever, et encore plus longtemps si le parent le stimule en ce sens.

Le juste milieu
Cette dépense énergétique, quoique peu intense pour un adulte, représente un gros effort physique pour un bébé ou un enfant. Ne pas en tenir compte dans la gestion de ses siestes et son dodo de nuit pourrait amener son sommeil à se dégrader. Pourquoi ? Parce que si, bien bouger se marie parfaitement avec bien dormir, trop bouger coïncide admirablement avec mal ou peu dormir. Il est bon de se rappeler que le besoin de repos de l’enfant pourrait être plus grand durant le développement de ses nouvelles compétences et habiletés. Bien sûr, son corps va s’habituer progressivement à cette dépense énergétique, mais durant le temps de l’apprentissage d’un nouvel acquis de motricité, par exemple, l’adaptation à cet équilibre veille/sommeil devient fragile.

Bien bouger pour bien dormir fait partie des éléments clés d’un développement sain, à la condition de trouver le juste milieu. Là est tout le défi, car chaque enfant est différent et sa tolérance à la fatigue l’est tout autant.

Voici quelques­ ­indications qui témoignent d’une surstimulation.
Chez l’enfant : S’agiter (bouge beaucoup, mouvements saccadés chez les plus jeunes), pleurer (crises de larmes sans raison), chigner (grogner, geindre, pleurnicher, chialer chez les plus vieux), détourner le regard (perte d’intérêt), s’opposer (refus total de collaborer).

De la part de l’adulte : Occuper chaque minute d’éveil de l’enfant avec toutes sortes d’activités, ou tenter continuellement d’essayer de lui apprendre ou de lui montrer quelque chose.

Un autre élément plus subtil qui draine l’énergie du bébé et de l’enfant est la durée de la période d’éveil. Même si l’enfant est assis ou étendu, dans la poussette par exemple, sans interaction avec son parent, ses sens sont mobilisés par l’environnement extérieur vivant : le soleil, le vent, le froid, la chaleur, le paysage qui défile, les sons différents ; ou encore, installé dans sa coquille, au sol, il est sollicité par un environnement intérieur stimulant : le plus grand qui tourne autour de lui, les odeurs de la maisonnée, les différents visages qui lui adressent un sourire, les caresses, les câlins, les chatouillis, etc.

Pour s’y retrouver un peu, voici quelques points de repère concernant les périodes d’éveil.
• Moins de 4 mois : autour de 1h-1 h 30 entre les siestes
• De 4 à 6 mois : autour de 1 h 30-2h, rythme de 3 siestes
• À partir de 8-9 mois : une période de 3-4 h d’éveil apparaît entre la sieste d’après-midi et le dodo du soir.
• Entre 12 et 18 mois : une période d’éveil de 5-6 h d’affilée s’installe graduellement dans la matinée (diminution et disparition de la sieste du matin).
• Entre 3 et 5 ans : diminution graduelle et disparition de la sieste en début d’après-midi. Une période d’éveil de 11-12 h d’affilée.

Le secret ?
Il est important d’observer les signaux de fatigue de votre enfant. Comment se comporte-t-il lors d’activités encadrés, de jeux libres ou de déplacements ? Vous pourrez mieux mesurer l’impact sur son sommeil et ainsi viser le juste milieu entre bien bouger et bien dormir !
Un enfant qui dort bien est joyeux… et ses parents sont heureux !
Bonne expérimentation !

Brigitte Langevin
Experte en éducation au sommeil
www.brigittelangevin.com